Cher enfant du futur,
Je suis content que tu aies trouvé cette photo et ma lettre dans la bouteille que j’ai enterrée dans le jardin du collège. Comme moi peut-être tu découvriras grâce à ma photographie combien le Pré Saint-Gervais a changé en un siècle. Je l’ai prise le 23 octobre 2012 dans la rue André Joineau, une rue à rallonge qui traverse toute la ville de Paris à Pantin. Je ne sais pas si à ton époque elle s’appellera toujours pareil : elle porte ce nom depuis les années 1950, en souvenir d’un jeune garçon résistant qui a été fusillé sur le Mont-Valérien. Autrefois, à l’époque de la carte postale que j’ai en main, elle s’appelait tout simplement « la grande rue ». Tout le pâté de maison est occupé aujourd’hui par le marché couvert. J’aime y retrouver des copains et regarder les marchands s’égosiller pour qu’on achète leurs produits. Il y a également une salle qui s’appelle la « petite criée » où l’on fait des expositions, des fêtes et des pièces de théâtre. Sur la carte postale ancienne que je tiens à la main, tu peux constater que le bâtiment n’est plus le même : autrefois, une grande usine, Gladiator, fabriquait des cycles et des voitures. C’est bizarre de penser que les ouvriers qui travaillaient ici sont morts maintenant.