Ce coin de rue ne m'était pas familier pour rien.
Gamine, j'y passais à vélo, les après-midi ensoleillés, un sourire aux lèvres. Tôt le matin, je me rendais au centre de loisirs avec ma mine renfrognée car ce n'était pas toujours un plaisir. J'y passais le soir mais cette fois mes yeux brillaient : j'étais enthousiasmée de raconter ma journée.
Ce coin de rue, c'est l'arrêt de bus, c'est la gare et, chaque soir, la foule grouille, les éclats de rires se mélangent aux interpellations, boubou et costard cravate se serrent la main, talons aiguilles et baskets délassées rentrent en altercation... C'est le charme du quotidien.
Ce coin de rue je le retrouvais dans mon imagination. Quand la pluie tombait à verse, je restais chez moi. Je repensais à ce coin de rue en imaginant un drame à faire la une à cause du sang dégoulinant sur le mur. Ce coin de rue s'invite parfois dans mes rêves. Tu sais ce monde magique où personne ne crève, où tout le monde s'aime, où le mot "ordinaire" n'existe pas.